ACHILLE, LA COMTESSE, puisHÉLÈNE, CAMILLE, MADAME DUMESNIL, GONTRAN, DUMESNIL, SEILLANES, COWPERSON, arrivant de côté et d'autre.
LA COMTESSE.
Il est très bien, ce jeune homme.
A droite.
ACHILLE, à gauche.
N'est-ce pas, madame ? Très bien, très bien.
LA COMTESSE.
Mais comme il est parti brusquement...
ACHILLE.
Oui... c'est vrai... Je ne sais pas ce qui lui a pris, il est timide, il aura eu peur.
HÉLÈNE, à Achille.
Merci, cousin, c'est très bien choisi.
LA COMTESSE , à Camille.
Ma fille, si vous voulez servir le café pendant que je m'apprêterai.
Elle passe devant et sort.
CAMILLE.
Oui, madame.
Seillanes et Dumesnil entrent en se donnant le bras, animés comme des gens qui sortent de table.
DUMESNIL.
Ah çà ! décidément, est-ce pour la fille ou pour la mère que vous êtes ici ?
SEILLANES.
Mon ami, je ne sais pas encore... J'hésite, je balance... mais je penche fort pour la mère... Je crois que je vais relire mes auteurs...
Achille prend les tasses des mains d'Hélène et les distribue, puis revient près de Camille. - Camille offre du café aux hommes. - Camille, Achille et les dames autour de la table.
GONTRAN, sur le devant. Il est entré en donnant le bras à madame Dumesnil.
Eh bien ! Dumesnil, vous ne vous défaites donc pas de votre poney cape de mort ? Vous savez que je le prends toujours à douze cents...
DUMESNIL.
On vous en donnera pour douze cents des chevaux de quatre mille de chez Tony !
GONTRAN.
Laissez donc ! il a des blêmes, votre cheval !
DUMESNIL.
Des blêmes ! des blêmes ! S'il avait des blêmes, il boiterait !
SEILLANES.
Mais, c'est qu'il boite aussi, mon bon, pas sur le mou, mais sur le dur... Je l'ai vu trotter, moi, votre cheval !
DUMESNIL.
Eh bien ! si vous l'avez vu trotter, vous savez comme il s'en va.
GONTRAN.
Peuh ! C'est un bon allemand !
DUMESNIL, exaspéré.
Un allemand ! un allemand ! du Norfolk, vous voulez dire !
COWPERSON.
Du Norfolk... yes !
SEILLANES, riant.
Parce qu'il a une tête de normand, mon Dieu !
COWPERSON.
Un cheval pour chasser... Should be
solid, and not your damned ficelles ! *
* Prononcez : Should bi solid, annd
notte your démnd ficellss !
DUMESNIL.
C'est ça ! il leur faut des ficelles ! Vous avez dit le mot !
GONTRAN.
J'aime mieux une ficelle qu'un éléphant !
SEILLANES.
Pardieu !
DUMESNIL.
Un éléphant !
GONTRAN.
Dumesnil, vous êtes un bon garçon, mais vous ne saurez jamais ce que c'est qu'un cheval !
SEILLANES.
C'est ça, il ne sait pas ce que c'est qu'un cheval !
DUMESNIL, frénétique.
Je ne sais pas ce que c'est qu'un cheval ! Moi je dis que quand un cheval...
ACHILLE, s'avançant de gauche à droite.
Allons ! assez de cheval, que diable, messieurs, il y a des dames !
SEILLANES.
Vous, Kérouare, vous n'aimez pas le cheval.
ACHILLE.
Pardieu, si, j'aime le cheval, mais je n'en mange pas !
On entend les trompes de chasse.
GONTRAN.
Ah çà ! partons, messieurs... Bonjour, Camille !
MADAME DUMESNIL.
A revoir, madame.
Tous le, hommes saluent Camille et sortent par le fond.
HÉLÈNE.
Adieu, mère... (A Achille.) Ah ! mon Dieu ! et votre déjeuner, cousin ?
ACHILLE.
Tiens ! je l'ai oublié.
HÉLÈNE.
Oh ! le malheureux ! Eh bien ! venez vite avec moi... je veux vous servir moi-même... en un temps de galop nous les rattraperons.
ACHILLE.
Mademoiselle, c'est impossible... je suis fâché de vous le dire... Mais il n'est pas convenable qu'une jeune personne reste ainsi seule avec un jeune homme.
HÉLÈNE.
Mais est-ce que vous êtes un jeune homme, vous ?
ACHILLE.
Eh bien ! qu'est-ce que je suis donc ?
HÉLÈNE.
Vous êtes mon cousin Achille !
ACHILLE.
Malédiction ! Eh bien ! allons, allons, ma cousine. (A Camille.) Vous voyez ! physique de notaire !
Il sort avec elle.