CAMILLE, MADAME DUMESNIL.
CAMILLE, poussant un siège à madame Dumesnil.
Mettez-vous là...
MADAME DUMESNIL.
Non, je ne m'assois pas... j'ai voulu seulement vous serrer la main ; car je n'y pouvais plus tenir... Savez-vous qu'il y a huit grands jours que je ne vous ai vue ?
CAMILLE.
Mais c'est votre faute... Au reste, vous êtes si lancée maintenant, si en l'air...
MADAME DUMESNIL.
Ah ! pas du tout, je vous assure... Je mène une vie très calme, au contraire... Je suis une femme d'intérieur, moi... mais mon mari aime le monde : il faut bien que je le suive...
CAMILLE.
Enfin vous vous résignez... Allez-vous directement chez madame d'Hermilly ? Vous y trouverez ma mère et ma fille.
MADAME DUMESNIL.
J'irai plus tard... Je vais d'abord passer une heure aux Italiens.
CAMILLE.
Aux Italiens ? qu'est-ce qu'on y donne ?
MADAME DUMESNIL.
Sémiramide.
CAMILLE.
Mais quelle ravissante toilette vous avez !... Et quel joli bouquet !... Mais vous avez dépouillé une serre !
MADAME DUMESNIL, après un mouvement de physionomie masqué.
Vous le trouvez joli, vraiment ? Eh bien ! je veux vous le laisser.
CAMILLE.
Oh ! chère enfant, mais non... je vous en prie !
MADAME DUMESNIL.
Si, si, je veux vous le laisser. (Posant le bouquet sur la cheminée.) Je le mets là... Vous penserez à moi !
CAMILLE, l'embrassant.
Oh ! vous êtes trop gentille, vraiment ! Allons, voilà que vous rougissez encore !
MADAME DUMESNIL.
Oui, je rougis encore, je rougis toujours... quelle mauvaise habitude !
CAMILLE, riant.
Mais c'est la couleur de la vertu, mon enfant !
MADAME DUMESNIL.
Et puis, je m'en vais... car mon mari est à côté du cocher... et il tombe de la neige, vous savez ?
CAMILLE.
Ah ! il est à côté du cocher, votre mari ?
MADAME DUMESNIL.
Oh certainement !... avec mes jupes, il ne pourrait tenir dans la voiture...
CAMILLE.
Au reste, il aime tant le monde !
MADAME DUMESNIL.
Oui... il aime tant le monde... Adieu, madame...
CAMILLE, la reconduisant.
Adieu... Merci encore !
Madame Dumesnil sort.