SCÈNE X

ACHILLE, TRÉVÉLYAN, puisMADAME DE SAULIEU.

ACHILLE, se retournant consterné vers Trévélyan qui sourit.

Je suis maudit ! - Voilà de ces choses qui ne t'arrivent pas, à toi, Trévélyan ! Tu as un physique qui te met à l'abri de ces petites atrocités-là !... Ah ! mon ami, quand on est né sous un astre comme le mien...

TRÉVÉLYAN, riant.

Tu es fou, avec ton astre !

ACHILLE.

Enfin, tu as vu ce qui vient de se passer ?... Je ne l'ai pas inventé, n'est-ce pas ?

Arrive madame de Saulieu affairée.

MADAME DE SAULIEU.

Ah ! mon bon Achille !

ACHILLE.

Madame !

MADAME DE SAULIEU.

Vous seriez bien aimable de me rendre un service !

ACHILLE.

A vos ordres, mon excellente amie.

MADAME DE SAULIEU.

Eh bien ! si vous vouliez danser ce quadrille avec moi, nous ferons vis-à-vis à ma petite-fille ; ce serait charmant !

ACHILLE.

Pardon... mais je ne vois pas ce que cela aurait de charmant, moi !

MADAME DE SAULIEU.

Ah ! vous n'allez pas me refuser, j'espère ?

ACHILLE.

Mon Dieu ! chère madame... c'est que je suis un danseur... sans conviction.

MADAME DE SAULIEU.

Vous me refusez ?

ACHILLE.

Non... (Il appelle un domestique qui porte un plateau.) Auguste !... un verre de punch... très fort ! (Il boit.) Je suis à vous, ma respectable amie.

MADAME DE SAULIEU, lui prenant le bras.

Si vous croyez que je vous saurai gré de cette politesse-là, mon cher ami !

ACHILLE.

C'est ça... ne m'en sachez pas gré ! (se retournant vers Trévélyan, au moment de sortir à gauche.) Je suis maudit !

MADAME DE SAULIEU.

Hein !... qu'est-ce que vous dites ?

ACHILLE.

Je suis ravi... je suis ravi !...