SCÈNE XII

CAMILLE, puisACHILLE.

CAMILLE, seule.

Ah ! Dieu soit loué, qui m'a donné ce courage ! (Apercevant Achille qui entre à gauche avec précaution, elle court à lui en lui saisissant la main) Mon ami !

ACHILLE.

Qu'y a-t-il ? comme vous êtes pâle !

CAMILLE.

Il est parti !

ACHILLE, avec âme.

Ah ! c'est bien, c'est très bien ! Tenez I... ma parole... ça me fait un plaisir... Ce n'est pas que j'aie jamais pensé... mais enfin, ça me fait plaisir... et tenez, je parie que vous-même, au fond, vous êtes heureuse ?

CAMILLE, exaltée.

C'est vrai... je souffre... et je suis heureuse... Ah ! ce n'est pas un vain mot que le devoir, allez !

ACHILLE.

Pardieu !

CAMILLE.

Je le sens là, à cette allégresse inconnue qui me remplit l'âme... qui m'inonde le cœur !... Il y a un ange qui me parle... et qui me dit : Tu as bien fait ! (Avec une résolution joyeuse.) Oh ! je ne m'en tiendrai pas là, mon ami... ce devoir accompli m'enseigne tous ceux que le découragement me faisait négliger... ma fille, mon mari... ma belle-mère même, je veux être pour eux meilleure que je n'étais... plus attentive... plus tendre... meilleure enfin... Je sens mes torts... Je les réparerai, je vous assure. (La comtesse parait au fond à gauche. - Souriant.) Tenez... voilà justement ma belle-mère qui vient jeter un regard inquisiteur... Eh bien ! je vais commencer par elle.

ACHILLE, avec une bonté émue.

C'est cela... commencez par elle... et ensuite vous marcherez sur des roses !... Je vous laisse... courage !

Il la salue affectueusement de la tête et sort à gauche.