SCÈNE XIII

CAMILLE, LA COMTESSE, se dirigeant vers la porte latérale de droite.

CAMILLE.

Eh bien ! madame, vous rentrez chez vous ? Vous devez être si fatiguée...

LA COMTESSE, maussade et raide.

Je le suis, en effet !... mais je me console en pensant que cette cohue est la dernière à laquelle je serai forcée d'assister.

CAMILLE, avec douceur.

Mon Dieu !... Je vous comprends d'autant mieux que je commence moi-même à me fatiguer de ces solennités mondaines... J'aspire au repos... Ce projet de retraite à la campagne me sourit... Quand partirons-nous ?

LA COMTESSE.

Le plus tôt possible, si je suis consultée. Vous n'avez pas vu M. Trévélyan de ce côté ?

CAMILLE.

Je l'ai aperçu il y a un moment.

LA COMTESSE.

Vous avez même parlé avec lui assez longtemps.

CAMILLE.

Oui... en effet.

LA COMTESSE.

Et décidément il ne songe pas à Hélène ?

CAMILLE.

Je ne crois pas, vraiment.

LA COMTESSE.

Vous avez peut-être vous-même quelque raison de ne pas désirer fort ce mariage ?

CAMILLE.

Quelque raison ?... je ne vous comprends pas, madame.

LA COMTESSE.

Je le souhaite, madame.

CAMILLE, faisant un pas vers elle.

Mon Dieu ! madame, si vous pouviez comprendre à quel point votre langage en ce moment est injuste et cruel... vous me demanderiez pardon !

LA COMTESSE.

Pardon !... Oh ! j'attendrai !... de belles phrases ne m'abusent point... j'ai des yeux, et je crois qu'il est temps, en effet, que nous partions pour la campagne ! (Elle sort à droite, et de la porte :) Je le crois !