CAMILLE, HÉLÈNE.
HÉLÈNE, s'agenouillant près de sa mère.
Ma mère chérie !
CAMILLE, s'éveillant péniblement.
Qui m'appelle ? Qu'y a-t-il ? Qui donc est là ? Toi, mignonne ?
HÉLÈNE.
Vous êtes mieux, dites ? Ce sommeil vous a calmée ?
CAMILLE.
Oui... ce sommeil... comment ? Pourquoi donc suis-je là ? (Elle se dresse peu à peu, puis, se rappelant tout à coup, elle se lève, et attirant sa fille brusquement.) Où est ton père ? dis !
HÉLÈNE.
Ma mère, il est resté dans le salon pour congédier les derniers invités... il va venir.
CAMILLE.
Il va venir, oui... (la regardant.)Qu'est-il donc arrivé, mon enfant ?
HÉLÈNE.
Ma bonne mère, vous vous êtes trouvée mal... la fatigue, sans doute.., puis en revenant à vous, vous vous êtes endormie...
CAMILLE.
Et tu n'as rien vu en bas... rien entendu d'extraordinaire ?
HÉLÉNE.
Rien...
CAMILLE, l'attirent sur son cœur tout à coup et l'embrassant avec une sorte de violence.
Ma pauvre enfant ! et c'était toi qui me gardais, qui me veillais... pauvre ange.
HÉLÈNE.
Ah ! j'ai eu si peur, quand je vous ai vue là, sans mouvement... toute pâle, toute froide... Ah ! mon Dieu ! je ne sais pas quelles idées me sont venues... Je me rappelais qu'un instant auparavant j'avais souri de vos souffrances... que vous m'aviez demandé si je vous aimais, et que je vous avais répondu si durement... il me semblait que jamais... Ah ! j'avais tant envie de vous voir réveillée pour vous dire que je vous aime ! Oh ! oui, je suis folle, je suis enfant, mais je vous aime... je vous aime bien... pardon ! pardon ! pardon !
Elle lui baise les mains.
CAMILLE.
Ah ! ne me dis pas cela maintenant, malheureuse !
Elle passe à gauche.
HÉLÈNE.
Pourquoi donc ?
CAMILLE.
Est-ce que je sais ? Est-ce que je sais ce qui va se passer ?... si je te reverrai jamais !
HÉLÈNE.
Ma mère ! que dites-vous donc ?... Je ne comprends pas... mais vous me glacez le cœur !
CAMILLE.
Non... ce n'est rien... je suis encore toute troublée, vois-tu... je ne sais pas moi-même ce que je dis... j'ai besoin d'une bonne nuit... d'un long repos... Va, ma chère petite, va, laisse-moi, je t'en prie.
HÉLÈNE.
Vous me renvoyez ?
CAMILLE.
Oui, je te renvoie.., va, va... sois heureuse... fais de doux rêves... jusqu'à demain... Adieu ! (Elle la reconduit jusqu'à la porte, puis, au moment de la quitter, elle l'embrasse follement) Va !
Hélène sort.