SCÈNE PREMIÈRE

GONTRAN, SEILLANES, HÉLÈNE, LA COMTESSE, CAMILLE, MADAME DE SAULIEU, au fond. - Camille est assise à droite, et travaille. Hélène assise devant une table dessine sur la page d'un album. Seillanes est debout derrière elle. La comtesse tricote. Madame de Saulieu est debout devant un piano, feuilletant des partitions. Gontran, assis à gauche, lit un Journal*.
* Gontran, madame de Saulieu, Seillanes, Hélène, la comtesse derrière la table, Camille sur une causeuse à droite.

HÉLÈNE, sans lever la tête.

Monsieur de Seillanes, vous savez que vous me gênez ?

SEILLANES.

Mademoiselle, c'est que je suis là... sous le charme !

HÉLÈNE.

Vous me gênez extrêmement... si vous preniez un livre ? Vous vous étiez remis à la lecture il y a quelque temps ?

SEILLANES.

Mais, mademoiselle, je ne l'ai pas abandonnée ; au contraire, ce n'était d'abord qu'un goût... maintenant, c'est une passion.

HÉLÈNE.

Mais, je ne vous vois jamais lire, moi !

SEILLANES.

Je lis la nuit, mademoiselle, dans le silence des nuits.

HÉLÈNE.

Ah !... Là... mon paraphe... et voilà qui est fait.

SEILLANES.

Oh !... délicieux.., délicieux !

HÉLÈNE, se levant, s'approche de sa mère et lui porte l'album.

Voulez-vous voir, ma mère ?

CAMILLE.

C'est très bien, mon enfant, va montrer cela à ton père.

HÉLÈNE, s'approchant de Gontran.

Voulez-vous voir, mon père ?

GONTRAN.

Tiens... Mais c'est vraiment très gentil... Elle fait des progrès étonnants, n'est-ce pas, Camille ?

CAMILLE.

Étonnants, mon ami.

HÉLÈNE, bas, à son père.

Vous savez que je vous ai demandé une audience secrète ?

GONTRAN.

Dans un moment... Ah çà ! qui est-ce qui a vu Achille, ce matin ?

HÉLÈNE, LA COMTESSE etMADAME DE SAULIEU, parlant ensemble.

Je lui ai donné une petite commission.

GONTRAN, riant.

Pauvre garçon ! Il me semble qu'on abuse un peu de sa complaisance !

LA COMTESSE.

C'est lui rendre service... il ne sait que faire de son temps...

Achille parait an fond, portant trois cartons sous son bras.