VI

Ce ne fut pas sans surprise ni même sans effroi que la comtesse de Frémeuse vit entrer le lendemain matin dès sept heures son fils dans sa chambre, avec le visage pâle et fatigué d'un homme qui vient de traverser une nuit d'insomnie ; elle poussa un cri :

- Ah ! mon Dieu, qu'y a-t-il ?

- Rien, ma mère, dit Maurice ; pas l'ombre d'un malheur !... Il s'approcha de son lit et l'embrassa :

- Vous allez être un peu contrariée seulement... Je suis rappelé à mon régiment, et je suis forcé de partir ce matin même pour Rennes.

- Ce matin ? Comment !... Ton congé ne finissait que dans six semaines !... Tu as donc reçu une dépêche ?... Non ! je le saurais... Maurice, tu me trompes... Tu mens !

- Eh bien ! oui, reprit le jeune homme en souriant, je mentais...j'essayais du moins... mais, décidément, je ne sais pas !... Je vais vous dire, ma chère maman, la véritable cause de ce brusque départ, et vous allez voir qu'elle n'a rien qui puisse vous alarmer et rien que vous ne deviez approuver.

Il s'assit près du lit de sa mère, et lui prenant affectueusement une main dans les siennes :

- Ma chère mère, dit-il, il y a des impressions, vous le savez, légères et superficielles au début, qui gagnent en profondeur et en intensité à mesure qu'on y réfléchit et qu'on en prend conscience. C'est ce qui m'est arrivé cette nuit à, propos de ma scène d'hier soir avec notre voisine madame de La Pave. Cette scène a été tellement brève et rapide que je n'en ai saisi qu'à la longue toute la portée et toutes les conséquences... J'ai passé toute une nuit de fièvre à y songer... et ces conséquences ont fini par me paraître si délicates, si graves, si dangereuses... que j'ai résolu d'y échapper bravement par la fuite... Me comprenez-vous suffisamment, ma bonne mère, ou faut-il que j'aie la honte de m'expliquer davantage ?

- Quoi ?... dit madame de Frémeuse : Tu aimes Marianne ?

- Je n'aime pas Marianne, pas plus que Marianne ne m'aime, je suppose : mais enfin, par suite des circonstances et des complications que vous savez,... et le diable s'en mêlant, comme vous me l'avez vous-même insinué... car je vous ai fort bien entendue hier soir, ma bonne mère... - Il s'est passé entre madame de La Pave et moi une de ces scènes d'une intimité extraordinaire qui laissent les nerfs ébranlés et les cœurs attendris... Nous revoir maintenant à peu près tous les jours, pendant des semaines, dans l'abandon d'une étroite amitié, avec le souvenir encore tout vibrant de cette soirée de confidences, de larmes, de reproches, de pardons, - cela serait assurément sans danger pour madame de La Pave, mais je ne sais pas, je vous l'avoue franchement, si cela serait sans danger pour moi... Or, c'est une affaire où mon repos et mon honneur seraient également en jeu... je n'ai pas plus envie de hasarder l'un que l'autre, et c'est pourquoi je m'en vais.

- Comment ! mon pauvre garçon, dit madame de Frémeuse, tu n'as pas le cœur plus solide que cela ?... Un soldat ! Un canonnier !

- Ma chère mère, dit Maurice, quoique soldat et canonnier, quand je me promène la nuit au clair de la lune avec une jolie femme qui pleure en me serrant la main,... je ne suis plus qu'une faible créature d'argile !

- Allons ! dit la vieille comtesse, avec un soupir, j'ai un fils qui est un parfait honnête homme... c'est une consolation !... Eh bien ! que veut-tu que je, te dise ?... Adieu, mon cher enfant !... Où vas-tu ?

- Mon régiment est à Rennes,... j'y vais. Je compte prendre le train de midi à Alençon.

- Mais tu sais que tu devais monter à cheval avec madame de La Pave, ce matin ?

- Je lui ai écrit.

Une heure après le commandant de Frémeuse montait dans le petit coupé de sa mère et se mettait en route pour Alençon.

Presque en même temps madame de La Pave recevait le billet suivant :

« Madame et chère voisine,
Un ordre subit m'appelle à mon régiment. J'ai le bien vif regret de partir sans vous avoir revue. Laissez-moi espérer que vous recevrez vous-même avec un peu de regret les adieux de celui que vous avez bien voulu appeler votre ami. Croyez qu'il s'efforcera toujours de mériter ce titre par le plus respectueux, le plus profond et le plus fidèle attachement.
MAURICE DU PAS-DEVANT DE FRÉMEUSE. »

Madame de La Pave, après avoir pris connaissance de ce billet, ferma ses beaux yeux et rêva un moment. Il était en général très difficile de lire ses impressions sur son front pur et pâle. Sa tante, à laquelle elle fit part brièvement de la nouvelle, remarqua seulement qu'elle était très silencieuse pendant le déjeuner et qu'elle n'avait pas d'appétit. Dans la journée, elle monta en voiture et se rendit au Prieuré.

Maurice avait fait promettre à. sa mère qu'elle ne le démentirait point, qu'elle expliquerait son départ à madame de La Pave comme il l'avait expliqué lui-même et qu'elle se garderait avant tout de lui en laisser soupçonner la cause véritable. Madame de Frémeuse tint sa promesse, mais comme une personne qui mourait d'envie d'y manquer. Tout en répondant aux questions curieuses de madame de La Pave que son fils avait été, en effet, rappelé à son corps par une dépêche, elle eut des soupirs, des réticences, des mines embarrassées, des airs de mystère, qui contredisaient la version officielle. Les femmes s'entendent parfaitement entre elles, et la jeune veuve tira de ce langage muet des inductions qui l'amenèrent assez près de la vérité.

Rentrée chez elle, elle écrivit successivement trois lettres en réponse au billet de Maurice : la première, ironique et impertinente ; la seconde, amicale et bon enfant, la troisième, d'une glaciale indifférence. Après quoi elle les brûla toutes les trois, et se décida à ne pas répondre du tout.

Il eût été impossible à madame de La Pave elle-même de rendre un compte exact et bien défini des sentiments divers et parfois contraires que lui faisait éprouver le départ improvisé du commandant de Frémeuse. C'était du dépit, de la colère, du dédain : c'était aussi du chagrin, de l'estime, et même de l'admiration. Ce qui l'importunait au suprême degré, c'était de ne pouvoir confier à personne, surtout à lui, les mouvements qui l'agitaient, d'être forcée de garder pour elle ses émotions tumultueuses, de ne pouvoir exprimer à cet homme singulier tantôt le mépris qu'elle ressentait pour sa faiblesse, tantôt l'enthousiasme que lui inspirait sa délicatesse chevaleresque. - Et puis il lui venait des doutes sur le motif réel de ce départ : avait-elle bien interprété les airs mystérieux de madame de Frémeuse ? Le commandant n'était-il point parti tout bonnement, comme il le disait, pour obéir à un ordre de service ? Mais, dans ce cas, certainement, après ce qui s'était passé entre eux, il ne pouvait s'en tenir à son billet laconique du matin, et elle recevrait de lui très prochainement une lettre plus explicite.

Cette lettre, attendue impatiemment de jour en jour, n'arriva pas. Madame de La Pave avait trop bien appris à connaître M. de Frémeuse, sa parfaite courtoisie, son tact et son bon goût, pour ne pas conclure de son silence qu'il avait le parti pris de rompre toutes relations avec elle.

Dès la fin du mois d'août, elle quitta le château de La Pave et rentra dans son hôtel, à Paris. Elle y demeura tout l'hiver. Elle y vécut d'abord assez retirée, comme son deuil l'exigeait. Mais, après le 10 décembre, date anniversaire de la mort de son mari, elle sortit un peu de ses limbes, adoucit légèrement la sévérité de ses toilettes, et se hasarda dans quelques soirées d'intimité et dans les baignoires des théâtres.

Elle était presque toujours accompagnée, dans ces diverses occasions, par sa tante de Combaleu, et, ce qui étonnait davantage, par Gérard de Combaleu, dont les habitudes et les goûts paraissaient se régulariser de plus en plus sous l'heureuse influence de sa belle cousine. Quelques bruits commencèrent à courir, dans le monde, sur ses assiduités auprès d'elle : ces bruits arrivèrent jusqu'à madame de Frémeuse qui, du fond de sa campagne, entretenait avec ses amies de Paris une correspondance très active. Elle crut devoir les communiquer à son fils, sous toutes réserves. Maurice, sans s'écarter du respect, répondit assez sèchement à sa mère sur ce sujet, traitant la prétendue nouvelle de ridicule commérage.

Cependant, vers le commencement d'avril, madame de La Pave revint s'installer à la campagne, amenant avec elle sa tante et son cousin Gérard. Dès ce moment, des symptômes irrécusables confirmèrent de jour en jour les rumeurs qui avaient précédées madame de la Pave dans le pays. La résidence prolongée de Gérard au château, ses attentions empressées, les bouquets, les cadeaux arrivant de Paris chaque matin, les promenades à cheval en tête-à-tête, tout annonça clairement que le jeune homme était admis à faire régulièrement sa cour. Enfin un jour vint, - ce fut au commencement de mai, - où madame de Combaleu, plus couperosée que de coutume, se présenta chez madame de Frémeuse et lui tint ce langage :

- Chère dame, je connais toute votre bonne affection pour moi et les miens, et j'ai voulu que vous fussiez instruite la première de l'heureux événement qui va se passer dans ma famille... Mon fils épouse ma chère nièce Marianne.

Madame de Frémeuse laissa échapper un petit cri de joie :

- Ah ! dit-elle, permettez-moi de vous embrasser, chère amie... Vous ne pouviez rien m'apprendre qui me fût plus agréable !

Et elles s'embrassèrent avec tout le plaisir qu'on peut imaginer.

- Personne mieux que vous, chère amie, reprit alors madame de Combaleu, ne peut comprendre ma satisfaction ; car, vous aussi, vous avez un fils... que vous désirez certainement marier... Vous savez combien la tache est difficile, et combien on doit se féliciter d'y avoir réussi.

- Ma chère, riposta madame de Frémeuse, ne m'en parlez pas... J'ai le malheur d'avoir pour fils un parfait galant homme qui ne consentirait jamais à tenir sa fortune de sa femme !... Cela lui a fait manquer d'excellentes occasions.

-On ne peut pas tout avoir, chère amie, dit madame de Combaleu... Vous avez pour fils un phénix,... c'est très heureux... Mais vous savez que le phénix est un oiseau qui ne se marie pas I... Bonjour, chère,... je vais maintenant chez le curé,... mais j'ai voulu commencer par vous !

Madame de Frémeuse la remercia encore une fois de sa bonté particulière, et elles se quittèrent les meilleures amies du monde.

Ce ne fut pas sans un peu de malignité triomphante que madame de Frémeuse envoya le jour même à son fils la nouvelle, désormais officielle, du prochain mariage de madame de La Pave avec son cousin. Le lecteur a déjà compris que la mère de Maurice, par une de ces contradictions très humaines que font naître dans le cœur les luttes de la raison et de la passion, ne pouvait s'empêcher d'approuver et de blâmer à la fois la conduite de son fils. Elle appréciait ses principes d'honneur et de délicatesse, elle en était fière ; mais en même temps elle y trouvait un peu d'excès, et elle s'irritait secrètement contre ces principes mêmes qui contrariaient ses ambitions maternelles. Sous le coup du désappointement définitif qu'elle venait d'éprouver, elle lâcha un peu la bride à son humeur :

- « Tu vois, cher enfant, écrivait-elle à Maurice, que ton ancienne idole s'est parfaitement moquée de toi avec ses explosions de grands sentiments... Je ne voudrais pas dire que ta délicatesse a été une duperie ; mais je ne puis pourtant pas me dissimuler qu'elle a eu pour résultat le triomphe de l'horrible Combaleu et le mariage indigne de Marianne : au lieu d'épouser un homme de mérite et un honnête homme, elle va épouser un mauvais drôle qui la dépravera et qui la ruinera par-dessus le marché... Franchement, je ne vois pas ce que l'ombre de Robert y aura gagné ! »

Ne recevant pas de réponse à sa lettre, madame de Frémeuse en conclut simplement que son fils, un peu dépité et confus de voir ses illusions trompées, préférait garder le silence sur un sujet qui lui était pénible. Elle ne supposa pas un instant que la nouvelle de ce mariage eût pu lui causer une autre souffrance qu'une légère souffrance d'amour-propre. Il y avait alors près d'une année que Maurice avait quitté le pays ; dans cet intervalle, elle avait passé quelques semaines auprès de lui, à Rennes ; elle avait reçu de lui nombre de lettres, et rien dans son langage ni dans sa correspondance n'avait pu lui faire croire qu'il conservât à l'égard de la veuve de Robert un autre sentiment que celui d'une froide et respectueuse curiosité.

Une dizaine de jours plus tard, la comtesse de Frémeuse travaillait à l'aiguille dans son salon quand un bruit de chevaux sur le pavé de la cour lui fit mettre la tête à la fenêtre. Elle sentit un coup au cœur en reconnaissant son fils, suivi de son ordonnance. Elle comprit confusément que cette arrivée soudaine était la réponse à sa lettre et qu'une telle résolution de la part de son fils pouvait contenir de très graves conséquences.

Maurice entra au même instant, le sourire aux lèvres, mais fort pâle. Elle s'était précipitée au-devant de lui, et, l'arrêtant de ses deux mains au moment où il voulait l'embrasser :

- Toi ! s'écria-t-elle. Que viens-tu faire ici ?

- Me reposer, ma mère. J'ai été mal portant, fatigué depuis quelque temps... Ma blessure à la tête m'a fait souffrir... On m'a recommandé le repos et l'air de la campagne. Ayant abrégé mon congé l'an dernier, j'ai pu facilement en obtenir un nouveau et me voilà.

- Maurice, dit-elle en le regardant toujours dans les yeux, tu essayes encore de me tromper ?

Il se mit à rire, embrassa sa mère malgré elle et, la faisant asseoir près de lui :

- Ma chère mère, lui dit-il, je vous devine. Vous croyez que j'arrive ici pour troubler tragiquement les noces de notre voisine, comme dans Lucie de Lammermoor, et que je vais pourfendre Edgard... Gérard... Comment s'appelle-t-il ?... Voyons, ne me croyez donc pas si méchant, ni si ridicule... Je mentirais cependant, poursuivit-il avec une sorte de hauteur, si je disais que ce mariage, - un peu hâtif, n'a pas contribué à déterminer ma demande de congé. Il y a des choses vraiment qu'on ne peut pas laisser passer sans une protestation, - tout au moins silencieuse. Madame de La Pave se remarie, elle est libre. Mais Robert lui a dit par ma bouche que si jamais cela arrivait, elle verrait son spectre. Eh bien ! ce spectre, ce sera moi ! C'est un dernier devoir que j'ai à remplir envers mon ami, et je le remplirai. Je lui imposerai donc ma présence, mais rien de plus. Ne craignez ni éclat ni scandale ; je ne suis pas fou, et je suis fier, vous le savez bien !... Comptez donc sur moi ! Il vit que sa mère essuyait une larme sans répondre :

- Ma chère mère, reprit-il tendrement, que faut-il donc dire ou faire pour vous rassurer ? Voulez-vous que je vous promette de ne pas aller chez madame de La Pave sans vous ? Serez-vous plus tranquille ?

- Un peu, murmura la vieille dame à travers ses pleurs.

- Eh bien ! je vous le promets.

Chose étrange, ce fut madame de Frémeuse, qui, deux ou trois jours plus tard, pressa son fils d'aller faire une visite au château. Puisqu'elle ne pouvait empêcher la rencontre, il lui semblait qu'elle serait moins tourmentée quand la glace serait rompue, et que les relations nouvelles entre Maurice et madame de La Pave auraient pris, grâce à sa présence, un tour naturel et régulier. Elle venait d'ailleurs d'apprendre par les commérages des voisins que le fiancé de Marianne, Gérard de Combaleu, était allé passer deux ou trois jours à Paris, et elle était bien aise que la première entrevue eût lieu en son absence.

La mère et le fils se présentèrent donc dans l'après-midi chez madame de La Pave. Ils furent reçus et très fraîchement reçus par madame de Combaleu, qui depuis qu'elle avait appris l'arrivée soudaine de Maurice, exerçait sur les approches du château une surveillance militaire. Elle s'excusa de ne point faire prévenir sa nièce : - c'était inutile : sa nièce était souffrante et gardait la chambre.

- Mon fils est absent, ajouta-t-elle, c'est la première fois qu'ils se séparent depuis qu'ils sont fiancés et vous comprenez que le cœur de la pauvre enfant en est tout endolori. Elle a pleuré toute la matinée.

Comme elle disait ces mots d'un ton pénétré, la porte s'ouvrit et madame de La Pave entra, non pas telle que la représentait sa tante, les traits défaits et l'air languissant, mais radieuse, parée, triomphante et même gaie, bien que la gaieté ne fût pas habituellement le caractère distinctif de sa beauté.

- Ah ! quelle bonne surprise ! s'écria-t-elle, en tendant ses deux mains, l'une à Maurice, l'autre à. sa mère.

Cet accueil, ce langage étaient fort loin de répondre aux prévisions de M. de Frémeuse : - sa présence, au lieu de produire sur la jeune veuve, comme il s'en était flatté, l'effet d'une tête de Méduse, semblait lui causer un véritable plaisir, et c'était lui, tout au contraire, qui se sentait à demi pétrifié ; sa mère ne l'était guère moins. Madame de La Pave parut jouir à sa manière discrètement ironique de la stupeur de ses hôtes, et, en même temps, de la mine décontenancée de sa tante. Sa belle humeur en redoubla, et elle fit à peu près seule les frais de la conversation avec une aisance et un enjouement d'autant plus extraordinaires qu'ils ne trahissaient pas l'ombre d'affectation.

Quand elle vit Maurice près de se retirer :

- Eh bien ! commandant, lui dit-elle, en riant, et cette promenade à cheval... que vous me devez depuis un an ?

- Madame, dit Maurice après une pause d'étonnement et d'hésitation, quand vous voudrez I

- Oui, reprit-elle en riant plus fort, vous me dites toujours : - Quand vous voudrez !... Et puis, quand je veux... vous vous sauvez !

- Essayez encore une fois, dit le jeune homme.

- Avouez que je suis une bonne femme... Eh bien ! toujours demain à dix heures !

Pendant que M. de Frémeuse et sa mère s'acheminaient vers le Prieuré en se communiquant leurs impressions sur l'attitude singulière de Marianne, madame de Combaleu demandait à sa nièce sur un ton aigre-doux si elle jugeait bien opportune, à la veille de son mariage, cette promenade à cheval en tête-à-tête avec un étranger.

- D'abord, répliqua madame de La Pave, le commandant n'est pas pour moi un étranger ; ensuite, nous ne serons pas en tête-à-tête, puisque nous aurons François ; enfin, je ne suis pas une jeune fille, mais une veuve, et, en cette qualité, je crois pouvoir me promener jusqu'à nouvel ordre avec qui me plaît.

- Mais ne crains-tu pas, ma mignonne, de froisser un peu Gérard ?

- Non ! dit madame de La Pave ; et elle s'en alla.