LAURE, HENRI.
LAURE, agitant fiévreusement son éventail.
Eh bien! les voilà partis... Qu'en pensez-vous?
HENRI, avec conviction.
Je les trouve charmants tous deux!
LAURE.
Non,... ce n'est pas vrai... Je ne sais ce qu'ils avaient ce soir... Ils ont voulu briller devant vous probablement... ils ont été ridicules!
HENRI.
Je vous assure que je les trouve charmants tous deux... Ainsi, certainement, - dans le genre léger, - le vicomte est tout à fait distingué...
LAURE.
Distingué !... avec son pied qu'il tient dans sa main... devant une femme !
HENRI.
Puisque les femmes aiment cela maintenant!... Et puis, il est pétillant d'esprit,... un peu sceptique,... mais c'est si bien porté !
LAURE.
Pétillant d'esprit! avec ses pschutt, et ses vlan, et ses tchink !... Je trouve cela si bête, moi!...
HENRI.
C'est que vous êtes blasée sur l'esprit parisien ;... Moi qui arrive, je suis émerveillé !
LAURE.
Et ses idées sur le mariage, sur la conduite qu'il doit tenir avec sa femme !... En êtes-vous émerveillé aussi?
HENRI.
Mais c'est un point de vue... Prendre sa femme pour camarade, c'est un point de vue,... c'est gentil !... Enfin, vraiment, dans le genre léger,... vous ne pourriez guère mieux choisir !
LAURE.
Merci bien Dans le genre léger,... mon expérience me suffit.
HENRI.
Dame ! si vous préférez le genre sérieux, - le baron, dans ce genre-là, est un type très distingué aussi... C'est un homme évidemment nourri de fortes études, d'un esprit très cultivé, parlant très bien...
LAURE.
Trop bien !
HENRI.
On ne parle jamais trop bien !
LAURE.
Pardon !... Et franchement, - dans le genre sérieux, - je n'irai pas épouser un important de province quand j'ai refusé un homme d'un mérite supérieur.
HENRI.
Qui donc ça?
LAURE.
Allons !...
HENRI.
Hé ?...
LAURE.
Vous savez bien que c'est vous !
HENRI.
Mais enfin, ma cousine, si réellement vous me reconnaissez tant de mérite,... dites-moi donc pourquoi vous m'avez refusé ?
LAURE, se levant et s'accoudant à la cheminée.
Vous vous y preniez si mal !
HENRI.
Il est bien tard sans doute pour m'instruire... mais enfin, puis-je vous demander timidement comment j'aurais dû m'y prendre ?
LAURE.
Comme aujourd'hui, mon ami I
HENRI, hésitant.
Mais,... vous savez que je vais vous sauter au cou!
LAURE.
Si vous voulez !
Il lui saute au cou.
FIN