C'est tout simple!
Les lits pour bébé (pas les berceaux) ont habituellement une dimension standard : 1,20m x 0,80m.
Cette dimension correspond à l'intérieur du lit de bébé.
Mon appartement est petit et mes voisins refusent que je déplace les murs pour leur piquer de la place...
La question s'est donc posée : où va t'on caser le lit de notre dernier, le temps de trouver un appartement plus grand?
J'ai rapidement proposé à mon épouse d'en faire un... Mais elle a quand même cherché un lit du commerce, de la bonne dimension... Qu'elle n'a jamais trouvé... ;)
Elle s'est donc résignée à me laisser oeuvrer.
Je voulais un lit solide, beau et durable (même si mon bébé n'y restera pas éternellement), dans lequel mon bébé serait en sureté.
Il existait 2 familles de solutions :
famille | Avantages | Inconvénients |
---|---|---|
Armature en acier | Facile à concevoir, facile à assembler avec des boulons et des écrous | Assez moche, assez lourd, les écrous peuvent se desserrer avec le temps, assez cher |
Armature en bois | Assez facile à concevoir, beau, robuste mais léger | Assez long à fabriquer, cela demande un minimum d'outillage. |
Après plusieurs visites dans les grands magasins de bricolage du coin (BHV, Castorama, Leroy Merlin), nous avons opté pour une armature en bois.
Le bois c'est bien, mais ça casse... mais ça brûle... mais ça éclate et se fends...
Oui, le bois est une matière vivante et chaque essence de bois peut avoir des caractéristiques différentes. Pour notre lit, nous avions le choix entre plusieurs essences:
Essence | Prix du tasseau | Caractéristiques |
---|---|---|
Le Sapin | Bon marché 4€/m | Très clair, très léger. Il est assez poreux et marque très facilement. Faible résistance. |
Le hêtre | Assez bon marché 7€/m | un peu plus rose, léger. Il marque moins facilement, mais a tendance à s'incurver sous le poids. |
Le chêne | Assez bon marché 8€/m | plus foncé, très dense donc lourd. Il marque très peu, et s'incurve très peu, mais éclate lorsqu'il est soumis à de trop fortes pressions. |
Notre choix s'est porté sur le chêne : il est historiquement utilisé pour les meubles et les lits, présente beaucoup d'avantages, dont celui de ne pas nécessiter de vernis de finition.
après avoir estimé les différentes options, nous avons opté pour un lit à barreaux. Les montants seront en tasseaux de chêne (sections carrées de 27x27 et rectangulaires de 23x34) et les barreaux en hêtre (Diamètre 15). Le "sommier" sera, lui, en contreplaqué de 15mm d'épaisseur.
Le dessin du lit (sous un logiciel de CAO) permet de sortir "automatiquement" une nomenclature bien utile pour les courses...
Et voilà!! C'est terminé!! Il ne me reste plus qu'à acheter :
Dessiner, c'est bien, mais il faut encore acheter... Et faire suffisamment attention pour ne pas acheter des matériaux de qualité médiocre...
Achetés au BHV, j'ai prévu de couper des barreaux de 1m en 2 morceaux de 50cm.
Il faut faire attention :
Achetés chez Castorama, j'ai prévu de les couper à la scie à main.
Il faut faire attention :
Achetés chez Castorama, découpé en magasin à la bonne taille.
Il faut faire attention au sens du bois : la fibre dans la longueur...
Pour ce lit, il faut aussi des vis et des tourillons... N'importe quelle quincaillerie correcte fera l'affaire.
Un bon ouvrier peut utiliser de mauvais outils, mais un mauvais ouvrier devrait en utiliser de très bon pour compenser...
La fabrication de ce lit m'a "forcé" à acheter certains outils que je ne possédais pas.
Jusqu'à maintenant, dans mes bricolages, j'utilisais soit une scie sauteuse ou une scie circulaire, soit une petite scie stanley (12 ou 15 dents par pouce) qui me servait un peu à tout et n'importe quoi...
Ma première coupe de tasseau m'a ouvert les yeux... 10 minutes de coupe pour une section 27x27... J'ai décidé de m'acheter une Stanley plus grosse (7 dents par pouce). Ca m'a changé la vie : une minute pour couper proprement un tasseau. Sachant que j'avais 17 coupes à faire, j'ai logiquement économisé 2h30 de coupe...
Je trainais depuis longtemps une boite à onglet en médium... Qui avait séjourné dans la cave et qui du coup, ne ressemblait plus trop à rien.
J'ai donc investi la somme colossale de 7€ pour m'acheter une boite à onglet neuve en bois massif (et non plus en médium).
Cette fraise à lamer (faire un trou à fond plat), est référencée chez Leroy-Merlin comme une fraise à encastrer. Une fraise coûte 7€ et permet de faire des trous parfaits pour les barreaux.
Faire des trous bien droits, c'est facile! Non, c'est une blague, c'est vraiment difficile, surtout lorsque ces trous doivent tomber à des emplacements spécifiques. Pour éviter de recommencer mes montants, j'ai préféré acheter un support pour perceuse à colonne.
J'avais déjà acheté, pour mes besoins passés, de nombreux outils. Certains sont indispensables pour aller au bout d'un projet tel que ce lit de bébé:
Trêve de blabla, on explique, on hésite... Il est temps de passer à la réalisation!
Une fois achetés, les tasseaux forment un petit tas un peu long (2m40) qu'il va falloir débiter :
Un papier et un crayon pour décider l'ordre des découpes et optimiser les chutes de bois... Une bonne scie, un peu de courage et hop, le tour est joué!
Afin de se faciliter la vie, il est important de repérer les différents montants du lit. De cette façon, on ne risque pas de prendre un montant horizontal pour un vertical...
Cette étape est ultra simple : on repère sur chaque montant horizontal les emplacements des lamages (perçages non débouchants, à fond plat), et on les perce à l'aide de la fraise à lamer.
Truc et astuce : pour faciliter le lamage, je fais un pré-trou de la profondeur souhaitée (10mm) avec un forêt de 2,5mm de diamètre. La fraise à lamer se retrouve alors "guidée" et je n'ai plus à m'occuper de l'orientation de la fraise : elle suivra le pré-perçage. Attention, ne pas faire un pré-perçage trop grand, car la fraise à lamer ne serait plus guidée, et le lamage serait irréalisable!
Rater un perçage, ça peut arriver à n'importe qui... Et ce n'est pas toujours très grave.
J'ai eu la flemme de repérer sur tous les montants horizontaux les emplacements des lamages. Je me suis dit qu'il était possible d'utiliser les pointes de repérage des tourillons (D8). Malheureusement, une fois percés en diamètre 8mm, je ne peux plus utiliser la fraise à lamer...
Pour récupérer ce tasseau, il suffit de coller un tourillon dans le trou D8. Une fois le collage sec, on pré-perce le tourillon et on peut lamer le trou comme si de rien n'était! Après lamage, le tourillon a complètement disparu, l'erreur ne sera plus visible.
Cette étape est critique. Autant une erreur de lamage peut se rattraper, autant une erreur de perçage ne se rattrape pas.
Après avoir identifié les différents montants, il faut repérer sur chacun un haut et un bas, puis les emplacements des tourillons et ceux des vis.
Après, c'est assez simple : on perce avec la perceuse sur son support à colonne... Les perçages des tourillons ne doivent pas déboucher. Les perçages de vis doivent être débouchants.
Une fois les 4 montants verticaux percés (9 perçages par montants), il faut fraiser les trous de passage de vis, du côté "extérieur" au lit (le côté qui recevra la tête de vis...) à l'aide de la fraise conique.
Ca y est, les montants verticaux sont terminés!
Cette étape aussi est critique. Mais si vous avez bien percé vos montants verticaux, vous arriverez bien à percer vos montants horizontaux...
A l'aide des pointes de repérage des tourillons, je repère les emplacements des perçages des tourillons et des vis (ayant décidé d'utiliser des vis de diamètre 5, les trous de passage des vis dans les montants verticaux sont de diamètre 6, compatibles avec les perçages des tourillons de 6mm...)
Une fois repérés, je perce un trou pour le tourillon et un pré-trou pour la vis. Je me suis fait aider par mes enfants et mon épouse pour contrôler que je perçais bien droit avec ma perceuse-visseuse.
Une étape hautement symbolique : le plus dur est fait, mais pour l'instant ce qui est fait ne ressemble à rien...
En positionnant un tourillon et une vis sur chaque montant horizontal, on met la structure du lit en forme
Contrairement à l'étape précédente, le montage des traverses est assez délicat : il faut réussir à emboiter les traverses avec les barreaux positionnés, puis serrer les vis aux extrémités. Durant cette étape, le lit offre très peu de résistance dans la largeur, le propre poids des montants a suffi pour casser un tourillon...
Une fois fixées, les vis rigidifient un peu la structure et vous obtenez un cadre de lit (pas encore fonctionnel, mais en forme).
Les plus perspicaces auront noté, sur la photo ci-dessus, la présence de 2 renforts, sur les montants du bas... Si, si, regardez bien, ils y sont...
L'objectif de cette étape est de rigidifier les montants en leur ajoutant 4 renforts qui serviront d'équerre pour les montants horizontaux, ET DE SUPPORT POUR LA PLANCHE DU SOMMIER.
Ce qui vous explique pourquoi je ne mets pas de simples petites équerres en acier, d'un prix très modique et d'une grande résistance...
J'ai tout d'abord percé mes renforts
Cela parait simple, mais ces renforts sont percés à 90° par rapport à leur plan de pose... J'ai été obligé d'utiliser ma perceuse sur son support à colonne. De plus, les perçages ne sont pas à la même hauteur suivant qu'ils sont sur les travers ou les montants horizontaux.
Une fois les renforts percés, je repère les emplacements des perçages dans les montants et traverses, puis je perce des trous non débouchants me permettant de visser fermement les renforts.
Le positionnement des renforts conditionne le positionnement du sommier, donc du lit. Il est primordial de fixer ces renforts bien à plat!
Une fois les 4 renforts vissés, le cadre du lit est vraiment rigide. J'ai la certitude que le cadre pourra résister aux assauts répétés de mon bébé.
Les arêtes de ce lit sont assez coupantes (c'est quand même du chêne, un bois assez dur...). Il faut donc "casser les arrêtes".
Pour ce faire, j'ai utilisé du papier de verre et j'ai vigoureusement adouci les arêtes vives, jusqu'à ce qu'elles ne soient plus blessantes.
Les pieds du lit sont assez "bruts" et pourraient rayer mon parquet. C'est pourquoi j'ai collé des patins silicones sous les 4 pieds. Pourquoi en siliconne? Par ce qu'ils s'abiment moins avec le temps et que 6€ de patins pour économiser la re-vitrification de mon parquet n'est pas trop cher payé...
Cette traverse centrale va éviter à ma planche sommier de s'affaisser avec le temps et l'humidité. Son rôle est aussi important que celui des renforts.
Les 2 supports de traverse sont découpés à la bonne dimension, puis mortaisés pour bien tenir la traverse.
Puis la traverse est simplement posée dans ses supports.
Le sommier est une simple planche de contreplaqué de 15mm d'épaisseur, découpée sur mesure.
A l'assemblage, ça ne va pas parfaitement, un côté est légèrement trop long (+0.5mm). Cela ne pose pas de problème particulier, la planche sommier se monte finalement sans avoir besoin de la raboter.
Une fois la planche sommier posée, le lit est terminé! Enfin, presque terminé...
L'avantage du lit sur mesure, c'est qu'on fait ce que l'on veut... Mais en contrepartie, on ne peut pas acheter des fournitures standards... Pas de matelas de cette dimension, pas de draps et encore moins d'alèse de cette dimension...
Pour le matelas, rien de bien compliqué : des magasins proposent un peu partout de la mousse à découper. Après quelques recherches, nous avons acheté une mousse de densité 21kg/m^3, en 10cm d'épaisseur. Une mousse plus épaisse n'apporte pas plus de confort à ce lit, et le berceau dans lequel mon bébé a passé sa première année avait un matelas de 5cm d'épaisseur.
Ce matelas en mousse étant découpé sur mesure, il s'emboite parfaitement dans le lit. Il est d'ailleurs primordial de ne pas laisser d'espace entre le matelas et les barreaux.
J'ai la chance d'avoir une épouse débrouillarde qui a conçu et fabriqué sur mesure l'ensemble des alèses, draps et tour de lit nécessaire pour ce lit de bébé.
A ma demande, elle a ajouté un billet spécifique dans son blog.
N'hésitez pas à visiter son blog!
La fabrication de ce lit pour bébé s'est étallée sur un mois, de la réflexion à la mise en service. La réalisation pratique s'est étallée sur 10 jours, avec un temps de travail estimé à 12h (approvisionnement et réalisation).
Hors outillage, l'approvisionnement pour ce lit est de :
Nom | Cout unitaire | Quantité | Cout |
tasseaux de chêne de 27mmx27mm x 240cm | 11€ | 5 | 55€ |
tasseaux de chêne de 23mmx34mm x 240cm | 9€ | 2 | 18€ |
barreaux de hêtre, diamètre 15 x 1m | 1.80€ | 14 | 25.20€ |
Planche en contreplaqué de 15mm d'épaisseur | 25€ | 1 | 25€ |
Matelas en mousse | 35€ | 1 | 35€ |
Quincaillerie (vis et tourillons) | 7€ | 1 | 7€ |
Patins en silicone | 1.5€ | 4 | 6€ |
Total | 171.20 € |
Si l'on ajoute 6h de fabrication (le temps qu'il me faudrait maintenant pour dupliquer ce lit), on arrive à la conclusion usuelle :
Comme pour la plupart de mes réalisations, la fabrication d'un lit de bébé n'est pas une activité économiquent rentable en France. Cette activité ne pourrait pas me permettre de gagner ma vie, et encore moins de faire vivre ma famille.
En revanche, compte tenu du prix des lits de bébé, la fabrication d'un lit de bébé est rentable à titre personnel! En effet, un lit bébé coute rarement moins de 100€, et le matelas souvent plus de 80€!
J'entends déjà les plus vifs d'entre vous s'écrier : "C'est faux, il faudrait réintégrer le coût des outillages qui ont été nécessaires pour ce projet!"...
Oui, c'est vrai... Mais l'aspect économique est-il si important que cela ?
Pour moi, la raison de ce travail est de montrer à mes enfants qu'ils ont de l'or dans leurs mains, qu'avec un peu de volonté et de courage, il n'y a rien d'insurmontable.
Ce temps que j'ai passé à fabriquer des objets qui leur sont utiles, c'est un peu une preuve d'amour, non?
<==== N'hésitez pas à me transmettre vos questions ou remarques!